S’il vivait encore aujourd’hui, je serais curieux de savoir ce que le grand Félix (Leclerc) aurait à dire de notre fabuleuse société de surconsommation. Il aurait sans doute écrit une chanson-choc afin de tenter de nous secouer et à n’en point douter, il aurait certainement tapé dans le mille. Mais cela n’arrivera pas, et tout ce que l’on peut faire, au mieux, c’est de revoir une des siennes afin de l’adapter au mieux de notre capacité. C’est évidemment ce que j’ai fait, avec « Moi, mes souliers », ré-écrite par l’anarchiste que je suis à la sauce ironico-narquoise (meilleure que de la béchamel, parole!).
Moi, mes souliers
Moi, mes souliers ont été fabriqués
Dans des pays où règne la misère
Ils m’ont coûté une somme pas volée
Plus de cent balles la paire.
Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé
Moi, mes souliers ont traversés les dunes
Puis mes souliers sont enfin arrivés
Et fait souffert plus d’une…
Sur mes souliers y’a d’la sueur d’enfant
Un peu de sang et des pleurs de femmes
J’peux dire qu’ils ont plutôt fait travailler
Des gens privés d’leur âme.
S’ils ont souffert malgré ce beau métier
S’ils ont sué comme de pauvres gens braves
J’pense pas à eux quand je fais mon marché
Ces pauvres bouts d’esclaves.
Tous les souliers montés à l’étranger
Par des chinois ou de petites indiennes
Ne s’ront pas fait chez nous à Mont Laurier
Mais en terr’ mexicaine.
Moi, mes souliers m’ont coûté une fortune
Moi, mes souliers ne valent pas un cothurne
Quand mes souliers se seront trop usés
J’irai encore m’en procurer.
Au Canada, paraît-il, mes amis
C’est pas la place pour faire de gros profits
Dépêchez-vous d’exploiter l’étranger
Si vous voulez être fortunés…
…Si vous voulez être fortunés.
Que dire d’autre que si Félix pouvait te lire, il serait sans aucun doute très fier de sa chanson revampée… et en plus du temps de Félix, on fabriquait ici des souliers qui duraient presque toute une vie… tandis qu’aujourd’hui chanceux celui qui pourra les porter plus de 6 mois avant qu’ils ne finissent dans le fond du poubelle…!