O comme « oups »…

Dans notre plus récent dictionnaire, le truculent Petit Larousse Illustré 2007, on m’assure qu’il y a plus de 150 000 définitions et pas moins de 5 000 illustrations incluant un cahier illustré par Moebius sur le passionnant voyage des mots. Je n’irai pas vérifier en comptant chacun des mots, mais il me semble pourtant qu’il en manque. C’est que cette semaine, ma blonde cherchait à savoir la signification du mot « ondinisme » et elle paraissait bien désemparée que l’encyclopédie ambulante pour laquelle tout le monde me prend ignorait la définition de ce fameux terme. Il était donc naturel de se tourner vers le dictionnaire afin de constater, à notre grand désarroi, que le mot « ondinisme » ne s’y trouvait pas. Ni non plus, d’ailleurs, aucun autre mot commençant par la lettre O.  

Il en manque d’ailleurs un peu plus que la lettre O. Tous les mots compris entre non-figuration (n.f., ART. MOD., Art abstrait) et parafiscale, e, aux (adj. Relatif à la parafiscalité) sont tout simplement absents de ce dictionnaire, qui passe directement de la page 736 à la page 785. Voilà qui est assez perturbant. Victimes de cet enlèvement étrange de la lettre O, nous avons eu à nous tourner vers la version 2006 de ce même Petit Larousse Illustré, où nous n’avons malheureusement pas aperçu le terme ondinisme. Seul, le mot ondine fut en mesure de nous apprendre ce dont je me doutais déjà, à savoir que cela concerne un Génie des eaux, dans les mythologies germanique et scandinave. C’est que je me rappelais avoir lu une pièce de théâtre intitulée Ondine, écrite par Jean Giraudoux ou Jean Anouilh, que je mêle régulièrement.  

Me voilà donc dans l’incapacité de vérifier l’orthographe et la signification des mots ontrassieux, ouidaire, olimarin et orthéphage, d’autant plus que je viens de les inventer à l’instant. Du moins, selon le programme Microsoft Word, qui n’a même pas un mot de remplacement à me suggérer à la place d’ontrassieux! Quelle scène ontrassieuse!!! Et puis, qui sait? Peut-être un de ces mots se trouve-t-il entre les pages 737 et 784 du Petit Larousse Illustré 2007, ce qui signifierait malheureusement que je ne suis pas le paternel de ces jolis mots sortis tout droit de mon imaginaire.  

Même si je devais m’en tenir aux mots qui existent sans moi, je viens de perdre LE point de repère (…) qui m’assure que odésespoirer n’existe pas, même si le Cid de Corneille passe son temps à gueuler : « Ô rage, ô désespoir »… Comment, dès lors que le mot manque à mon dictionnaire, puis-je savoir qu’une orchite est une inflammation des testicules? Ou bien devrais-je simplement me questionner à savoir pourquoi je suis au courant de ce qu’est une orchite, de toute façon?  

Cela m’amène à un autre questionnement. Mon dictionnaire ayant décidé de me faire faux bond, je dois donc me trouver une meilleure source de renseignements et d’apprentissage. Est-ce là le rôle d’Internet? Possible. D’ailleurs, je suis surpris que des dictionnaires traînent encore chez moi. Ne sont-ils pas, un peu comme les otaries, une espèce en voie de disparition? Mais je me trompe peut-être sur le cas de l’otarie, voilà un mot qui commence justement par la lettre O… Enfin, revenons à l’Internet. Sans doute existe-t-il des programmes ou des sites encore plus complets que de véritables encyclopédies de papier. Dans ce cas, que fais-je donc avec un dictionnaire? Je dois être à contre-courant! Tiens, je me demande si les classes des écoles secondaires contiennent encore des dictionnaires, ou bien chaque bureau est-il équipé d’un ordinateur, d’une connexion Internet et d’un étudiant tapant 220 mots/minute?  

Mais si mon dictionnaire peut faillir à sa tâche, c’est aussi le cas de l’Internet ou de tout programme que ce soit, non? Sans doute existe-t-il un virus capable d’attaquer une encyclopédie qui serait installée sur un disque dur. Dans ce cas, il n’y aurait pas que la lettre O qui serait en danger. D’ailleurs, le programme Microsoft Word installé sur mon ordinateur me garantit posséder parmi ses outils un dictionnaire des synonymes. Après avoir fonctionné quelquefois, celui-ci « crashe » désormais à chaque utilisation. Mon vrai dictionnaire des synonymes, fait d’arbres et de papier de toilette recyclé, n’oserait jamais me jouer un tour semblable. Au pire, il viendrait s’écraser sur mon pied, provoquant instantanément une suite de sacres dont chacun serait le synonyme du précédent!  

Il me semble d’ailleurs que j’en connais un fameux, commençant par la lettre O. Os… la suite ne me revient pas. Sans doute se trouvait-il à la page 765 du dictionnaire fautif, introduit sous l’expression « Québec », comme sous le mot poutine, que l’on assure être un Mélange de pommes de terre frites et de fromage en grains arrosé de sauce chaude. Si la définition n’offre pas de meilleures spécifications quant au type de sauce utilisée (béchamel? Caramel? Coulis aux fraises? Carbonara?), elle a tout de moins l’avantage de sembler plus appétissante malgré tout que la seconde définition du mot poutine : Acadie. Poutine râpée : préparation faite de boulettes de pommes de terre râpées farcie de viande de porc et bouillies. Bouillies!!! C’est absolument orripileux, orkmatique et ouache-dégueu!

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