Moi, Richard Martineau!

C’était la première de l’année 2009 à Tout le monde en parle et mon chroniqueur préféré y a fait un passage plus que remarqué. Le flexible Richard Martineau était invité pour discuter entre autres de son refus de quitter le Journal de Montréal dans lequel il interprète avec brio le rôle d’un chroniqueur censé être intelligent. Rappelons que les employés du journal sont en lock-out depuis une dizaine de jours, mais qu’en tant que pigiste, Martineau et quelques autres chroniqueurs ou collaborateurs au JdeM n’est pas syndiqué et ne se considère pas touché par la situation au journal.

Mis face à Raynald Leblanc, président du syndicat des employés du Journal de Montréal, Richard Martineau a fait la preuve une fois de plus que tout ce qui compte dans sa petite vie, ce sont ses propres intérêts. Se déclarant neutre vis-à-vis du conflit opposant les syndiqués et la partie patronale – c’est l’argument qu’il a servi pour justifier le fait qu’il ne cessera pas ses chroniques – Martineau a passé son temps à clairement prendre position en faveur de Québécor, coupant la parole à quiconque n’était pas d’accord avec lui et son si digne patron.

Pourtant, elle n’est pas si loin l’époque où Martineau pourfendait l’empire de P-K. Péladeau alors qu’il était chroniqueur au Voir. Seulement, le personnage a ceci de particulier que dès le jour où ce même Péladeau lui a offert un poste grassement payé au sein de son Journal de Montréal, il a subitement cessé d’être critique envers son nouveau patron et s’est aussitôt mis à lui trouver moult qualités et nobles intentions. Je lisais Martineau régulièrement dans le Voir, et j’ai cru naïvement que, comme plusieurs autres, je passerais par-dessus mon dégoût de tout ce qui touche à Québécor pour continuer à lire les textes de Richard Martineau. Il n’en fut rien. À la lecture de sa première chronique, j’avais peine à croire qu’il s’agissait bien du même Martineau que j’avais si longtemps lu dans le quotidien culturel gratuit. Se pouvait-il qu’il ait si facilement changé son fusil d’épaule? Eh oui. Martineau nous en beurrait épais, alléguant que le Journal de Montréal lui offrait enfin la chance de concrétiser un rêve qui était d’écrire une chronique régulière dans un grand quotidien. Ah bon? Et tous ces textes dans lesquels il avait tiré à boulets rouges sur ce même JdeM et sur son grand manitou? Visiblement, Martineau reniait tout cela. Depuis ce jour, il lèche avidement les bottes de son nouveau patron et le défend peu importe les occasions, un peu comme il l’a fait ce soir à TLMEP. C’est d’une tristesse, vraiment…

L’homme qu’il est m’est tellement devenu antipathique que j’ai été incapable de continuer à regarder Les Francs-Tireurs. J’ai essayé, pendant un bout de temps, mais il me venait des boutons chaque fois que je l’apercevais à l’écran. Sur les conseils d’un ami, j’ai également essayé de l’écouter à la radio : on m’assurait qu’il était vraiment « moins pire ». Mais la seule fois où je me suis donné la peine de l’entendre, j’ai senti la moutarde me monter au nez avec une rapidité déconcertante. Bref, je suis devenu allergique à la pute de service qu’il est devenu. Cet ancien faux défenseur de la veuve et de l’orphelin m’a donné la preuve ultime ce soir qu’il fait partie de ce groupe sélect d’individus qui m’éblouissent de par leur manque total de crédibilité. À ce chapitre, Martineau est vraiment devenu un champion.

Je n’arrive même plus à être en accord avec lui sur n’importe quel sujet. On dirait qu’il aborde tout avec la philosophie de celui qui tient absolument à avoir l’opinion la plus contraire au bon sens, tout en ayant raison. Par exemple, il a critiqué Radio-Canada de donner la parole à seulement un des partis dans le conflit, à savoir les syndiqués. Ah bon? Croit-il sincèrement que PKP aurait pris la peine de venir faire un tour, lui qui peine à permettre aux employés de son réseau TVA d’apparaître chez la « concurrence »? Franchement, Richard, il faut vraiment manquer de foi pour y aller d’un commentaire semblable!

Et que dire de ce moment où il a ouvertement insulté une avocate avec un manque de tact flagrant? Superbe. C’est Dany Laferrière qui avait parfaitement raison en affirmant que Richard Martineau vivait « intellectuellement au-dessus de ses moyens »; ce dernier nous en fait constamment la preuve. D’ailleurs, à son premier passage à TLMEP, Martineau s’était déclaré « contre Passe-Partout » et ses absurdités avaient donné d’excellents moments lorsqu’il s’était fait varloper par Marie Eykel, notamment. Ce soir, il semblait décidé à ne laisser personne le contredire, particulièrement lors de l’entrevue avec Jean-François Mercier. Heureusement, l’humoriste sait se défendre et on se régalait de voir la foule entièrement appuyer Mercier lorsqu’il remettait Martineau à sa place ou qu’il cherchait seulement à cesser de se faire interrompre par le « brillant » chroniqueur.

À nouveau, lorsque Karine Vanasse et Denis Villeneuve ont été reçus pour parler de la sortie du film Polytechnique, Martineau n’a pu s’empêcher d’exprimer le grand n’importe quoi qui lui coule de source. Le pauvre a raconté comment sa journée avait été gâchée après avoir été au cinéma pour y voir une comédie et que la bande-annonce du film de Villeneuve lui avait coupé toute joie de vivre. Vraiment, Richard! Puis, il a remis sur le plateau sa haine farouche des féministes en ramenant inutilement les propos de certaines féministes qui avaient dit, à l’époque de la tuerie, qu’il y avait un Marc Lépine en chaque homme. Ok, c’était plutôt intense comme propos, mais il faudrait en revenir! D’ailleurs, plutôt que de chercher à comprendre pourquoi des féministes avaient tenu ces propos et ce qu’ils pouvaient réellement vouloir dire, Martineau avait, comme à son habitude, perdu son sang-froid et déclaré la guerre à ces féministes. Je veux bien moi aussi trouver exagéré de prétendre qu’il y a un Marc Lépine en chaque homme, mais ce n’est pas une raison suffisante pour me faire m’emporter et hurler contre les féministes en écumant et en rageant de toutes mes forces! De plus, Villeneuve et Vanasse étaient là pour parler d’un film qui revenait sur les événements tragiques d’il y a 20 ans. C’était le temps de discuter intelligemment à ce sujet, et non de ramener sur le tapis des propos acides qui nous étaient restés de travers dans la gorge à l’époque pour en cracher de tout aussi vitrioliques à gauche et à droite. Vraiment, un exemple à suivre, ce Martineau.

Il ne fait tout simplement plus le poids, Martineau, mais il essaie tellement d’avoir raison sur tout que ça en devient pathétique. Il fallait voir l’émission Le 3950 du 10 novembre 2007 dans lequel il tentait de verbaliser l’humoriste Dieudonné pour en voir un exemple flagrant. Mais Martineau semble vraiment s’en foutre. Pour lui, l’important, c’est qu’on le voie, et l’entende.

À ce sujet, il me revient en tête la première médiatique du film L’Âge des ténèbres. Nous avions obtenu des billets pour l’occasion et étions installés aux plus hauts sommets de la Place des Arts. Mais la tempête de neige aidant, il y avait plusieurs bancs de libre au parterre, parmi les veuhdettes et tout le gratin artistique. Lorsque l’on nous a invités à descendre au niveau du tapis rouge tout juste avant le début de la projection, alors que tout le monde était assis bien sagement, je me suis fait bloquer par un individu gesticulant et prenant de l’espace en masse. Vous l’avez deviné : il s’agissait de Richard Martineau. Il bloquait le passage et semblait particulièrement exaspéré de me voir passer. Pouvait-il donc exister quelqu’un qui ne voulait pas entendre ses propos éclairés? Mais cela n’est pas tout. Après le visionnement du film, je suis tombé à nouveau dans les pattes de Martineau. Cette fois, il bloquait l’accès aux escaliers et semblait placé là plus dans le but d’être vu de tous que dans celui d’entretenir la conversation avec des amis. Il m’a fallu à nouveau le contourner et endurer son air asphyxié de mec réalisant qu’il n’est pas le centre d’attention de tout le monde autour de lui pour pouvoir quitter l’endroit et le spectaculaire bonhomme.

D’ailleurs, il ne se voit pas comme un simple quidam, ce Martineau. Il n’est pas un chroniqueur parmi tant d’autres au Journal de Montréal. Il est Lui, et il n’a pas raté la chance de le clamer haut et fort ce soir. Il a sorti un truc du genre « Je suis qui, moi? Je suis MOI! RICHARD MARTINEAU! MOI! » Vraiment, un grand moment dans sa carrière, les bras en l’air, heureux de nous faire découvrir à tous le bon Dieu dans sa personne, cette vérité qui nous manquait jusqu’à aujourd’hui.

À tous? Peut-être pas. Le 25 novembre 2006, je pondais un texte sur le site web de la ligue virtuelle de hockey dont je fais partie, et exceptionnellement, je donnais la plume à un autre que votre humble serviteur. Martineau venait de quitter le Voir pour le Journal de Montréal et j’en étais suffisamment troublé pour donner la parole à ce brillant esprit afin de résumer à sa manière mon plus récent match de hockey. Je viens de le relire, et franchement, c’est jouissif, surtout après avoir vu le vrai Martineau se donner en spectacle à TLMEP. Cliquez ici pour en savourer le contenu exclusif!

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